La Vérité Cachée derrière la Justice Sélective : Témoignage de Grégory Laccruche Alihanga et la Fin d’un Régime Tyrannique
Après des années de silence, de souffrances et d’humiliations subies dans l’ombre d’un système oppressif, la voix de Grégory Laccruche Alihanga, ancien maire d’Akanda, s’est enfin élevées pour dénoncer la mascarade judiciaire orchestrée par l’ancien régime Bongo-Valentin. Sa déclaration fracassante ne se limite pas à un simple témoignage individuel : il devient le cri d’alarme d’une nation qui a connu l’arbitraire, la torture, et la violation systématique de ses droits fondamentaux.

Ce discours émouvant, teinté d’indignation, met en lumière une vérité que peu veulent encore affronter : la brutalité d’un système qui, pendant des décennies, a instrumentalisé l’appareil judiciaire et policier pour asseoir sa domination, éliminer ses opposants, et museler toute voix discordante. La chute de ce régime offre une opportunité historique de faire face à l’histoire, d’écrire un nouveau chapitre basé sur la justice, la vérité, et la reconstruction.
Un témoignage d’une gravité exceptionnelle : la dénonciation de l’arbitraire et de la vengeance politique
Grégory Laccruche Alihanga raconte, avec émotion mais aussi avec fermeté, comment il a été victime d’un traitement inhumain, injuste, et planifié par ceux qui ont manipulé le système judiciaire à leur avantage. L’arrestation, en novembre 2019, était officiellement justifiée par « l’Opération Scorpion », mais il décrit cette opération comme une « vengeance politique » et une « purge ciblée » contre ceux qui, dans l’entourage d’un système autoritaire, représentaient une menace à leur pouvoir absolu.
Il ne s’agit pas seulement d’un procès, mais d’un véritable règlement de comptes institutionnalisé, dans lequel l’appareil d’État s’est mué en un outil de répression, faisant fi des droits humains et de la présomption d’innocence. La convocation chez Nourredin Bongo Valentin, fils de l’ancien président, et le chantage visant à faire tomber son frère, témoigne d’un système où la famille Bongo-valentin utilisait toutes les ressources à leur disposition pour éliminer toute opposition, même la plus faible ou la plus légitime.
L’ex-prisonnier dépeint avec force détails la dureté de sa détention : cellule exiguë, privations de soins, isolement, absence de procès équitable. Il évoque l’ampleur des tortures psychologiques et physiques qu’il a endurées, la mise à l’écart de sa famille, et la privation de tout contact avec le monde extérieur. La pratique systématique d’un traitement inhumain, souvent dans un but de dissuasion ou de vengeance, illustre une méthode de gouvernance basée sur la terreur et l’impunité.
Ce vécu, qui pourrait sembler extrême, était malheureusement l’expérience quotidienne de nombreux opposants, journalistes, et citoyens gabonais durant la dictature Bongo. La justice, sous ce régime, n’était qu’un instrument de répression. La répression ne visait pas seulement à neutraliser la contestation, mais à faire disparaître toute trace d’opposition, à empêcher toute voix dissidente.
L’hypocrisie et le cynisme du pouvoir déchu
Ce qui choque profondément, c’est la superbe hypocrisie d’un régime qui, aujourd’hui, veut se poser en victime. Les mêmes qui ont torturé, emprisonné, et brisé des vies, osent pleurnicher et dénoncer un prétendu « traitement de chien » quand ils sont désormais au pouvoir. La question est simple : comment peut-on dénoncer la torture et l’arbitraire quand on en a été le principal architecte ?

Ce cynisme est flagrant : ceux qui ont fait usage de la torture, de la détention arbitraire, des abus en toute impunité, viennent aujourd’hui plaider pour la justice, invoquant la défense des droits de l’homme, le respect des valeurs démocratiques, et la fin de l’impunité. Il s’agit là d’un retournement de situation consternant, dont la duplicité ne peut que susciter la méfiance des citoyens et la consternation des observateurs sérieux.
En réalité, ces discours ne sont que des stratagèmes pour redorer une image ternie, légitimer la poursuite de leurs intérêts ou se positionner comme “victimes” pour mieux manipuler l’opinion nationale et internationale. Ce recours à la victimisation rime souvent avec un objectif tactique : obtenir la clémence, détourner l’attention de leurs responsabilités passées, ou accélérer leur réintégration dans un système dont ils ont été les pires acteurs.
Ce phénomène n’est pas nouveau en Afrique. Il s’observe dans plusieurs États où des régimes autoritaires, après avoir lourdement réprimé, emprisonné ou assassiné des opposants, tentent aujourd’hui de se poser en défenseurs de la démocratie ou des droits de l’homme. La véritable question est alors celle-ci : comment croire à la sincérité de ceux qui ont utilisé la barbarie comme outil de gouvernance, et qui aujourd’hui prétendent représenter la justice ?
La nécessité d’un regard lucide et d’une responsabilité collective
Ce double langage, cette hypocrisie assumée, soulignent la profonde nécessité pour la conscience nationale et la communauté internationale de ne pas tomber dans le piège d’une justice de façade ou d’un simulacre de réconciliation. La justice ne doit pas être construite sur des faux-semblants, mais sur la reconnaissance des vérités passées, avec comme seul objectif la réparation, la paix, et la construction d’une démocratie véritable.
Il faut également prendre en compte la responsabilité collective : l’histoire a montré que lorsqu’un régime autoritaire se maintient en utilisant la violence, la torture et la répression, c’est toute la société qui en paie le prix. La justice transitionnelle, la vérité historique, et la mémoire doivent être des piliers fondamentaux d’un processus de reconstruction nationale.
La nécessité d’une justice indépendante et d’un acte de courage
Il devient urgent de renforcer l’État de droit, en mettant en place des institutions judiciaires réellement indépendantes, capables de juger sans favoritisme ni pression politique. La justice doit faire son travail, sans acception ni amnistie massive pour ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité. La déclaration de Grégory Laccruche Alihanga et d’autres victimes doit être entendue comme un appel à l’action pour que la justice ne soit plus instrumentalisée, mais qu’elle serve la vérité, la réparation, et la réconciliation sincère.
Ce combat nécessite également le courage de certains acteurs politiques issus de l’ancien régime qui, aujourd’hui, osent dénoncer publiquement leurs propres exactions, incarnant ainsi une possibilité d’évolution et de maturité démocratique. La vérité, aussi douloureuse qu’elle soit, doit être dévoilée, tout comme la responsabilité de chaque acteur impliqué dans ces sombres pages de notre histoire.
La nécessité d’une introspection nationale
Enfin, cette situation souligne que la question de la justice et de la mémoire ne se limite pas à une dénonciation isolée, mais doit devenir un enjeu collectif, une démarche d’introspection nationale. La société civile, les associations de défense des droits humains, les institutions internationales doivent jouer leur rôle pour accompagner ce processus, afin que l’histoire ne se répète pas dans l’impunité et l’oubli.
Ce n’est qu’en faisant face aux vérités difficiles, en acceptant la responsabilité collective, et en instituant une justice véritablement indépendante que le Gabon pourra tourner la page de l’arbitraire, et bâtir un avenir fondé sur la justice, la paix, et la démocratie.