Dossiers, listes et transparence électorale au Gabon : éclairages et propositions pour limiter les erreurs et les injustices

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Cet article vise à sensibiliser le Ministère de l’Intérieur, chargé de l’organisation des élections, sur les enjeux, les doutes et les tensions qui entourent la publication des listes des candidats aux élections législatives et locales au Gabon. À partir de témoignages et de questions fréquemment posées par les compatriotes, l’objectif est d’analyser les mécanismes actuels, d’identifier les sources possibles d’erreur ou d’injustice et de proposer des pistes concrètes pour améliorer la transparence, la communication et l’équité du processus électoral.

Contexte et enjeux
Cadre juridique et institutionnel : au Gabon, la publication des listes de candidatures relève d’un ensemble d’acteurs et de procédures qui incluent les dépôts de dossiers, les vérifications sur place, les quittances et les décisions finales des organes compétents (CNOCER et autorités judiciaires selon le type d’élection).
Objectif démocratique : assurer que chaque citoyen puisse se présenter s’il remplit les conditions légales et que les électeurs aient des candidatures claires et vérifiables.
Problématiques récurrentes : des cas où des dossiers « complets » au moment du dépôt aboutissent à des rejets lors de la publication des listes, sans explication claire ; des plaintes sur le manque de transparence et sur les délais de recours.

    Décomposition du processus et points de friction
    Dépôt de dossier et vérifications locales :
    Les citoyens déposent un dossier auprès des autorités compétentes.
    Une vérification « sur place » est effectuée ; en cas de manquements, des rectifications et une quittance peuvent être délivrées. Si le dossier est considéré comme complet, une quittance et une attestation de dépôt sont émises.


    Vérifications par la CNOCER :
    La Commission Nationale des Opérations Électorales et de Référendum effectue des vérifications supplémentaires avant la publication des listes.
    Des critères techniques, juridiques et administratifs peuvent conduire à des rejets, des ajournements ou des décisions de non-candidature.
    Publication des listes et inexplications éventuelles :
    À l’affichage des listes, certains noms ne figurent pas, malgré l’existence d’un « dossier complet » fourni lors du dépôt.
    Les explications fournies aux intéressés en cas de rejet ou d’écart peuvent être insuffisantes ou peu claires.
    o Les recours exigent des voies spécifiques (Cour constitutionnelle pour le législatif, Cour administrative pour les locales) et parfois des délais serrés.
    Recours et délais :
    o Les recours existent, mais leur opportunité et leur délai de traitement peuvent sembler inadaptés par rapport au calendrier électoral.
    o Le message « recours » peut être perçu comme une réponse générique sans clarifications suffisantes.

      Questions-clés et arguments pour le débat public
      Transparence des critères : Quels sont exactement les critères utilisés par CNOCER et les autorités locales pour accepter ou rejeter un dossier ? Sont-ils publiés de manière accessible et compréhensible pour tous ?
      Justification des rejets : Quand un dossier est jugé « complet » puis rejeté plus tard, quelles sont les preuves et les motifs écrits fournis ? Sont-ils accessibles aux candidats et au grand public ?
      Constance des décisions : Existe-t-il une cohérence entre les décisions prises au niveau local et au niveau national ? Des mécanismes de révision ou d’audit existent-ils ?


      Traçabilité et notifications : Comment les candidats sont-ils informés des décisions et des raisons du rejet ? Existe-t-il un canal dédié pour contester ou demander des précisions ?
      Droit de recours : Les voies de recours sont-elles adaptées au calendrier électoral ? Le recours rapide peut-il être envisagé sans compromettre les principes juridiques ?
      Gestion du calendrier électoral : Les délais actuels permettent-ils une résolution raisonnable des recours sans compromettre la préparation des élections?

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        Propositions concrètes pour réduire les erreurs et améliorer l’équité
        Publication préventive des critères et des listes blanches :
        Publier clairement les critères de recevabilité et les documents exigés pour chaque type d’élection.
        Mettre à disposition une liste de contrôle « dossier complet » avec exemples concrets et questions fréquentes.
        Traçabilité et transparence du processus :
        Mettre en place un registre public des décisions (anonymisé ou avec identifiants de dossier) indiquant le statut (accepté, rejeté, en cours), les motifs généraux de rejet et les références juridiques.
        Fournir des explications écrites standardisées mais personnalisées lorsque des rejets surviennent, afin d’éviter les réponses vagues.
        Notification et accompagnement des candidats :
        Envoyer des notifications officielles dès chaque étape clé (réception, vérification sur place, décision CNOCER) et après publication des listes.
        Proposer des sessions d’information publiques ou en ligne pour expliquer les raisons des décisions et les recours disponibles.
        Renforcement des mécanismes d’audit :
        Instituer des audits indépendants et périodiques des procédures de dépôt, vérification et publication des listes.
        Publier les rapports d’audit avec les mesures correctives et les échéances.
        Procédures de recours adaptées au calendrier :
        Concevoir des procédures accélérées de recours lorsque le temps est compté, tout en garantissant les droits des candidats.
        Prévoir des décisions provisoires ou des listes partiellement publiées avec éléments manquants identifiés et rectifiables rapidement.
        Formation et sensibilité des agents électoraux :
        Former les agents à la communication non ambiguë et à la gestion des attentes des candidats.
        Sensibiliser les opérateurs sur les risques de biais, d’erreurs humaines et d’interprétation divergente des documents.
        Accessibilité numérique et inclusivité :
        Développer une plateforme en ligne sûre où les candidats peuvent suivre l’état de leur dossier en temps réel. Garantir l’accès en zones rurales et pour les personnes vivant loin des centres administratifs.
        Processus de clarification post-publication :
        Mettre en place une porte d’entrée « clarifications post-publication » où les candidats peuventbtenir une explication formelle sur les écarts entre le dossier et la liste publiée.
        Sécurité et lutte contre la fraude : Renforcer les contrôles pour éviter les falsifications ou les documents frauduleux.

        Mettre en place des signatures électroniques ou des sceaux certifiés pour authentifier les documents soumis.

          Scénarios et exemples (hypothétiques) pour illustrer les enjeux
          Scénario A : un dossier est accepté comme « complet » lors du dépôt, mais au moment de la publication des listes, le candidat n’apparaît pas et reçoit une explication générique que « des pièces manquantes » ont été trouvées lors d’un contrôle ultérieur. Action proposée : publication des motifs précis, possibilité de recours accéléré et vérification croisée des documents.


          Scénario B : un candidat reçoit une quittance et une attestation de dépôt, puis la CNOCER rejette le dossier après vérification sans explication détaillée. Action proposée : communication écrite des motifs et mise en place d’un guichet unique pour les clarifications.


          Scénario C : des informations contradictoires entre les dépôts locaux et les décisions nationales. Action proposée : harmonisation des critères et mise en place d’un dispositif d’audit inter institutions.

            Questions à explorer avec les ministères et les parties prenantes
            Comment améliorer la synchronisation entre les dépôts locaux et les décisions CNOCER afin de réduire les écarts et les surprises lors de la publication des listes?
            Quelles garanties ajouter pour que les dossiers considérés « complets » au dépôt ne puissent pas être rejetés sans motif clair et écrit ?
            Quels mécanismes de communication directe avec les candidats seraient efficaces et compatibles avec le cadre légal ?
            Comment concevoir des recours plus rapides sans compromettre l’examen juridique et les droits des candidats ?
            Quels investissements en ressources humaines et technologiques seraient nécessaires pour moderniser le processus (numérisation, traçabilité, paiement des frais, etc.) ?

              Recommandations au Ministre de l’Intérieur
              Il est indispensable d’améliorer la transparence, la traçabilité et la compréhension des processus liés aux candidatures et à la publication des listes. Les citoyens doivent disposer de motifs clairs et écrits lorsque des dossiers, initialement reconnus comme complets, se voient rejetés ou ne figurent pas sur les listes finales.
              Les erreurs et les incompréhensions peuvent alimenter la défiance et les perceptions d’injustice, ce qui nuit à la légitimité des élections et à la confiance dans les institutions.


                L’importance de publier publiquement les critères, les listes de contrôle et les motifs de rejet ;
                d’assurer une traçabilité des décisions et une communication claire avec les candidats;
                de renforcer l’audit indépendant et les mécanismes de recours adaptés aux délais électoraux ;
                d’investir dans une plateforme numérique de suivi des dossiers et d’améliorer les capacités de gestion des documents ;
                d’organiser des sessions d’information et des formations pour les agents afin d’éviter les interprétations divergentes et les erreurs récurrentes ;
                de garantir l’unité et la cohérence des décisions entre les niveaux local et national.

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