Vers une nouvelle dynamique économique et sociale au Gabon : analyses et enjeux des mesures d’Oligui Nguema

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Depuis son arrivée au pouvoir, Brice Clotaire Oligui Nguema a positionné son action autour de trois piliers majeurs : assainir les finances publiques, relancer les grands travaux et favoriser l’entrepreneuriat des jeunes. Relatées par des médias comme l’Union, ses déclarations esquissent une feuille de route destinée à restaurer la confiance des partenaires internationaux, à dynamiser le secteur privé et à mobiliser la jeunesse autour d’un projet commun de développement. Cet article propose une analyse approfondie des mesures évoquées, de leurs enjeux, de leurs ressorts économiques et des implications pour la population gabonaise. Nous examinerons les mécanismes proposés, les conditions de réussite, les risques potentiels et les leviers complémentaires nécessaires pour transformer ces ambitions en résultats durables.

Assainir les finances publiques pour relancer le développement : pourquoi cela compte
Contexte et constat

Le premier constat répété par le Chef de l’État est la nécessité de mettre de l’ordre dans les finances publiques afin de garantir des paiements réguliers aux entreprises. Cette régularité est cruciale pour la stabilité du climat des affaires, la crédibilité budgétaire et la continuité des chantiers publics.
Les retards de paiement et l’insuffisance de liquidités publiques freinent l’activité économique, plombent la confiance des investisseurs et accroissent le coût du capital pour les projets d’infrastructure.

Mécanismes proposés et objectifs
Mise en place d’un cadre de paiement rigoureux et d’un calendrier fiable pour les régies et les marchés publics.

Planification et méthode rigoureuse : anticipation des dépenses, suivi des engagements et traçabilité des flux financiers afin d’éviter les dérapages.
Le cap est clairement fixé : tous les projets en cours “vont arriver à terme”, ce qui suppose une gestion de portefeuille de projets et une priorisation stratégique.

Impacts attendus pour la population
Stabilité et prévisibilité budgétaires : les populations bénéficient d’un meilleur accès aux services publics, de délais de paiement plus courts pour les entreprises locales, et d’un effet multiplicateur sur l’emploi.
Relance de l’investissement privé : des paiements plus réguliers réduisent le coût du risque pour les investisseurs et facilitent le recours au financement externe pour des grands ouvrages.
Amélioration de l’offre publique : infrastructures routières, sanitaires et scolaires peuvent être accélérées et mieux alignées sur les besoins régionaux.

Analyse des risques et limites
Rigidité budgétaire : une rigueur excessive pourrait réduire la marge de manœuvre en période de chute des recettes ou de chocs économiques.
Transparence et lutte contre la corruption : l’assainissement suppose des mécanismes de transparence, des audits et des contrôles, sans lesquels la “planification rigoureuse” peut devenir formelle.
Coordination multi-acteurs : l’efficience dépend d’un travail synchronisé entre ministères, administrations locales, opérateurs privés et partenaires de financier.

Une diplomatie financière assumée avec la Banque mondiale : lire entre les lignes
Le contexte de la dette et des relations internationales

Le Président affirme que “le Gabon est à jour vis-à-vis de la Banque mondiale”, marquant la reprise de relations financières après des périodes d’incertitude et de suspensions en 2024.
Demander une révision du taux de notation est une avancée diplomatique et économique : elle vise à mieux refléter les efforts réalisés et la trajectoire de stabilisation, tout en cherchant à obtenir des conditions plus adaptées au contexte post-crise.

Objectifs et effets potentiels

Rétablissement de la confiance des partenaires financiers : cela peut faciliter l’accès à des financements concessionnels et à des programmes d’assistance technique.

Soutien à la croissance et aux réformes structurelles : les ressources et l’éclairage technique fournis par la Banque mondiale peuvent accompagner les réformes publiques (budgétaires, budgétaires et institutionnelles).

Mise en valeur de la souveraineté économique : le Gabon affirme sa capacité à honorer ses engagements tout en cherchant des conditions qui soutiennent son développement “en chantier”.

Enjeux pour les populations

Accès à des financements et à des projets structurants : routes, écoles, hôpitaux, réseaux d’eau et d’électricité peuvent gagner en rapidité et en qualité.

Amélioration de la résilience budgétaire : une note de financement plus favorable peut réduire le coût du service de la dette et libérer des ressources pour les secteurs sociaux.

Défis et précautions

Difficultés liées à la viabilité des projets : certains chantiers peuvent être soumis à des retards opérationnels, des coûts supérieurs et des risques de surcoût.

Conditions associées aux financements : les programmes de la Banque mondiale viennent souvent avec des réformes et des conditions d’assainissement plus strictes. Leur mise en œuvre exige une capacité administrative renforcée et une gouvernance renforcée.

Déplorer la passivité des jeunes et promouvoir l’entrepreneuriat : une approche argumentée
Diagnostic social et économique
Le Président critique la “passivité” des jeunes gabonais et déplore le manque d’intérêt pour les secteurs porteurs comme la production d’agrégats et le gravier, essentiels à la relance des infrastructures.

Cette observation renvoie à des questions d’employabilité, d’accès au financement, d’information sur les opportunités économiques et de culture entrepreneuriale.

Le fonds de 25 milliards de francs CFA et ses mécanismes

Le fonds, géré par la BCEG (Banque pour le Commerce et l’Entrepreneuriat du Gabon), vise à soutenir les jeunes entrepreneurs avec un taux d’intérêt préférentiel de 5 %.

Objectifs : faciliter l’accès au capital pour des projets entrepreneurials alignés sur les besoins économiques nationaux et soutenir l’émergence d’entreprises locales.

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Impacts attendus sur l’emploi et l’innovation

Création d’entreprises et diversification économique : des jeunes pourraient lancer des activités liées à la production d’agrégats, au recyclage, à l’ingénierie locale, etc.

Stimulation de l’entrepreneuriat et de l’innovation : l’accès au financement à taux réduit peut encourager l’expérimentation, la digitalisation, et la modernisation des chaînes de valeur locales.

Défis et obstacles

Attirer l’intérêt des jeunes : malgré le fonds, l’information, la compréhension des mécanismes et les risques perçus restent des défis importants.

Gouvernance et risques de crédit : assurer la bonne utilisation des fonds et éviter les risques de défaillance nécessite une évaluation rigoureuse, du mentorat et des garanties adaptées.

Agriculture et économie informelle : la diversification vers des secteurs peu connectés au secteur bancaire peut nécessiter des cadres plus souples (micro-crédits, garanties, programmes d’accompagnement).

Stratégies complémentaires pour maximiser l’impact

Renforcement de l’éducation et des compétences : programmes de formation en entrepreneuriat, gestion financière, marketing numérique, et usage des outils digitaux.

Accompagnement et mentorat : créer des structures d’incubation et d’accélération, avec des mentors privés et publics.

Partenariats publics-privés : favoriser des chaînes d’approvisionnement locales, favoriser l’intégration des jeunes dans les chantiers publics et privés.

Vers une transformation durable : synthèse des effets attendus et conditions de réussite
Un modèle économique cohérent
L’assainissement budgétaire, le financement international et le développement entrepreneurial ne peuvent prospérer séparément : ils doivent être articulés autour d’un plan d’action global, reposant sur une bonne gouvernance, une transparence et une responsabilité accrue.
Le Gabon peut bénéficier d’un effet d’entraînement si les chantiers d’infrastructure soutiennent les activités locales et si les jeunes entrepreneurs renforcent la chaîne de valeur domestique.

Conditions de réussite essentielles

Gouvernance et transparence : audits, mécanismes anticorruption et suivi des résultats pour gagner la confiance des investisseurs et du public.

Capacité administrative et institutionnelle : renforcement des capacités des ministères, agences et entreprises impliquées pour gérer les flux financiers, les marchés publics et les programmes de financement.

Inclusion et équité : veiller à ce que les régions moins développées et les femmes bénéficient aussi des programmes, afin d’éviter les inégalités accrues et de soutenir une croissance plus inclusive.

Impacts sur la population et le quotidien

Meilleur service public et infrastructures plus fiables : des paiements réguliers et des chantiers qui avancent se traduiront par des réseaux d’eau, d’électricité, des routes et des écoles plus performants.

Opportunités économiques accrues pour les jeunes : accès facilité au financement et aux ressources nécessaires pour lancer ou développer des projets entrepreneurials.

Atténuation des frictions liées à l’investissement privé : un cadre prévisible et des garanties renforcées réduisent les coûts de transaction et les retards.

Questions et perspectives pour le suivi
Comment le gouvernement compte-t-il mesurer l’efficacité des paiements réguliers et des grands chantiers ? Quels indicateurs seront suivis et publiés ?
Quelles garanties et mécanismes de contrôle accompagneront le fonds BCEG de 25 milliards de francs CFA pour assurer la viabilité des projets et limiter les risques de surendettement ?
Quelles mesures seront mises en place pour s’assurer que les jeunes des régions rurales et des villes secondaires puissent accéder au fonds et bénéficier des formations associées ?
Comment le Gabon compte-t-il équilibrer dette publique et investissements sociaux pour préserver la stabilité macroéconomique à moyen et long terme ?

Les déclarations du Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, dessinent une vision ambitieuse : assainir les finances publiques, réactiver les grands travaux et stimuler l’entrepreneuriat des jeunes à travers des mécanismes financiers dédiés. Cette approche, si elle est accompagnée de mesures de gouvernance solides, d’un cadre de transparence renforcé, d’un accompagnement efficace des jeunes et d’un partenariat avec les acteurs internationaux, peut contribuer à une transformation durable du paysage économique et social gabonais. L’objectif ultime est clair : construire un Gabon plus résilient, plus prospère et plus inclusif où les jeunes jouent un rôle central dans le développement du pays, et où les aspects économiques et sociaux se renforcent mutuellement. Le chemin reste exigeant et les défis sont réels, mais l’orientation prise peut offrir des perspectives concrètes pour une population qui attend des résultats tangibles et durables.

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