La voix du peuple — Souffrances, combat et espérance du Gabon

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Mesdames et Messieurs,
Citoyennes et citoyens du Gabon,

Je me tiens devant vous aujourd’hui au nom d’une image forte, d’une mère agenouillée, du drapeau que l’on serre contre la poitrine et des visages de nos enfants dont beaucoup ont trop souffert. Ce tableau n’est pas qu’une œuvre d’art : c’est un témoignage vivant, un cri, une mémoire. Il raconte la souffrance d’un peuple qui, pendant trop longtemps, a vu ses institutions piétinées et ses droits fondamentaux bafoués.

La démocratie criblée de balles, la Constitution foulée, la liberté bâillonnée, la justice dévoyée, le suffrage volé —

ces images sont la traduction visuelle d’une réalité humaine. Elles disent qu’un régime a remplacé le débat par la répression, la loi par l’arbitraire, la parole par le silence. Elles rappellent que ce sont les innocents — les femmes, les enfants, les familles — qui ont payé le prix de ces dérives : emprisonnements injustes, assassinats, persécutions, humiliations quotidiennes.

Nous avons aussi, dans ce tableau, l’image d’un instant d’espérance : le 30 août 2023. Ce jour-là, beaucoup d’entre nous ont cru à la délivrance, ont cru qu’enfin la dignité du peuple gabonais serait restaurée. Ce fut un moment de joie, de soulagement, d’attente d’un avenir meilleur.

Mais l’œuvre nous met aussi en garde. Elle nous montre que l’espoir n’est jamais assuré s’il n’est pas protégé. Les signaux du 17 septembre 2025 nous préoccupent : des pratiques anciennes semblent vouloir resurgir autour des élections législatives et locales. Nous ne devons pas baisser la garde.

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Aujourd’hui je m’adresse tout particulièrement à vous, Monsieur le Président, et à tous ceux qui ont la responsabilité publique : écoutez la voix du peuple. Ces souffrances ne sont pas de simples images — ce sont des vies brisées, des familles déchirées, une confiance à reconstruire. Vous avez dit être venu pour restaurer la dignité des Gabonais. Les paroles sans actes ne suffisent pas. Ce peuple vous a placé là ; il attend des décisions fermes, justes et transparentes.

Je formule des demandes claires et non négociables :

Protégez la Constitution : qu’elle ne soit plus modifiée pour servir des intérêts particuliers, mais qu’elle reste la garantie des droits de tous.
Assurez l’indépendance de la justice : que les juges puissent rendre la loi sans pression politique, que l’impunité cesse d’être la règle.
Garantissez la liberté d’expression et d’association : que la parole ne soit plus un danger, que la critique soit un moteur du progrès.
Organisez des élections libres, transparentes et sûres : avec des observateurs indépendants, des procédures claires et des recours effectifs.
Combattez la corruption et la terreur : par des actes visibles, des enquêtes crédibles et des sanctions équitables.

À la société civile et à chaque citoyen, je dis : restez vigilants. Documentez les abus, exigez des comptes, mobilisez-vous pacifiquement pour la justice et la transparence. La démocratie se défend par la participation, par l’éducation civique et par la solidarité.
À vous, mère Gabon agenouillée sur ce tableau, nous promettons de faire entendre votre cri. Vous avez prié, vous avez pleuré, et votre appel a été entendu — mais il doit maintenant se transformer en actes durables. La voix du peuple est la voix de Dieu : elle commande le respect, la réparation et la vérité.

Enfin, gardons à l’esprit que la véritable restauration de la dignité nationale n’est pas la victoire d’un homme, mais le triomphe d’un peuple. Elle exige patience, courage et constance. Ensemble, refusons que l’histoire se répète. Ensemble, bâtissons des institutions solides, une justice équitable, une liberté protégée et des élections crédibles.

Que ce tableau continue de nous servir de mémoire et d’avertissement. Que sa leçon soit simple et ferme : plus jamais la souffrance du peuple ne sera banalisée. Écoutez ses cris, honorez ses droits, protégez sa dignité.

Vive la dignité du peuple gabonais. Vive la justice. Vive la liberté. Vive le Gabon.

Amos MINTSA
Coordinateur Général du Réseau AsCom

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