Analyse critique et propositions pour responsabiliser les chauffeurs du projet Taxi GAB face aux comportements irresponsables et assurer sa pérennité
Après une observation attentive et une réflexion approfondie concernant l’état actuel de l’initiative Taxi GAB, il apparaît de plus en plus évident que ce projet porteur d’espoir et de développement pour notre pays est aujourd’hui menacé par des comportements irresponsables de certains bénéficiaires de la flotte. Par cette lettre ouverte, je souhaite partager une analyse détaillée des dysfonctionnements que je perçois et proposer des stratégies concrètes pour responsabiliser nos chauffeurs, afin d’assurer la pérennité et la crédibilité de Taxi GAB.

La culture de l’irresponsabilité : un obstacle interne majeur
L’un des problèmes majeurs qui gangrènent la dynamique de Taxi GAB est la mentalité et les comportements des conducteurs, qui manquent souvent d’un véritable esprit de professionnalisme. Parmi les principaux dysfonctionnements, on retrouve :
• Le refus de reverser les recettes collectives : Quand un chauffeur ne respecte pas le partage des gains ou refuse de se soumettre à la transparence financière, cela sape la crédibilité même du projet. La confiance mutuelle, pilier d’un partenariat durable, est alors brisée.
• La consommation d’alcool pendant les heures de travail : Ce comportement met en danger la sécurité des passagers mais aussi la réputation du projet. Il témoigne d’un manque de discipline et de conscience professionnelle qui ne peut que compromettre la viabilité à long terme de Taxi GAB.
• La surfacturation ou la manipulation des tarifs : Certains conducteurs profitent de la situation pour augmenter injustement le prix aux passagers, ce qui nuit à la visibilité et à la réputation du service auprès du grand public.
• Les défaillances techniques et le manque d’entretien des véhicules : Pannes fréquentes, utilisation abusive des voitures, absence d’entretien régulier illustrent un mépris des règles de sécurité et du bon fonctionnement du parc.
Toutes ces pratiques traduisent une culture de l’irresponsabilité, aggravée par un manque de sanctions ou de contrôle strict. Ce délabrement moral et disciplinaire fragilise le projet, le mettant en péril face à une concurrence plus structurée et professionnelle.
La décision stratégique de l’État face à la concurrence
Une autre erreur majeure, je pense, a été l’action de l’État consistant à saisir et à confisquer les véhicules appartenant à l’association de ressortissants camerounais qui opèrent dans le cadre de Taxi GAB. Bien que cette décision ait pu être motivée par la volonté de protéger le projet national et d’assurer une certaine préservation du monopole, elle comporte des conséquences perverses.

En effet, en empêchant la concurrence saine et l’émergence d’une pression positive, cette action n’a fait qu’entériner la situation d’irresponsabilité et de relâchement dans laquelle se trouve une partie des conducteurs. La concurrence pourrait être un moteur puissant pour améliorer la qualité du service, renforcer la discipline et encourager l’adoption de comportements professionnels. La suppression de cette dynamique par des mesures coercitives ou punitives limite donc l’incitation à l’amélioration.
La double problématique : irresponsabilité interne et stratégie maladroite
Ainsi, on remarque deux facteurs interconnectés fragilisant le projet :
• La persistance d’un comportement irresponsable chez certains chauffeurs qui détiennent les véhicules.
• La décision de l’État d’interdire la concurrence, ce qui limite la possibilité de développer une saine pression pour responsabiliser davantage les conducteurs.
Ce paradoxe menace la viabilité même de Taxi GAB. Pour assurer sa survie, il est donc crucial d’adopter une approche équilibrée, combinant responsabilisation, contrôle renforcé et incitations positives.
Propositions pour responsabiliser les conducteurs et assurer la pérennité
Face à ces défis, voici plusieurs stratégies concrètes à mettre en œuvre :
- Renforcement de la sélection et de la formation initiale
• Contrôles rigoureux lors de l’attribution des véhicules : s’assurer que seuls des conducteurs expérimentés, responsables et formés reçoivent un véhicule.
• Formation continue sur les règles de conduite, la déontologie et la sécurité : intégration d’ateliers réguliers pour rappeler l’importance du professionnalisme. - Mise en place d’un système de contrôle rigoureux et de sanctions dissuasives
• Installation de dispositifs de géolocalisation (GPS) sur chaque véhicule pour suivre en permanence leur parcours, leur vitesse et leur utilisation.
• Contrôles périodiques sur le terrain par des inspecteurs ou des agents de inspections régulières pour vérifier l’état des véhicules, le respect des itinéraires, et la conformité aux règles de sécurité et de discipline. Ces contrôles devront être programmés à intervalles réguliers et accompagnés de rapports d’évaluation.
• Établir un cadre clair de sanctions en cas de violation des règles : avertissements, suspensions temporaires, voire retrait définitif du véhicule en cas de récidive ou de comportements graves (alcool au volant, refus de partager les recettes, mauvais entretien, etc.). Ces sanctions doivent être communiquées dès l’attribution des véhicules et appliquées de manière stricte, pour instaurer un climat de responsabilité. - Programme de responsabilisation et de sensibilisation continue
• Sessions de sensibilisation régulières sur l’éthique, la responsabilité professionnelle, la sécurité routière, et la gestion financière. Ces formations doivent insister sur l’impact de leur comportement sur le succès du projet collectif et sur leur propre stabilité financière.
• Campagnes d’information et de communication visant à rappeler les règles du jeu et à valoriser les comportements exemplaires, afin de créer une culture de responsabilité collective. - Système de récompenses et de médiation
• Mise en place d’un système de récompenses pour les conducteurs exemplaires : primes, reconnaissance publique, rééquipement ou renouvellement de leur véhicule, etc., afin de valoriser leur sérieux.
• Mécanismes de médiation en cas de conflit ou de différend entre chauffeurs ou avec l’administration, pour désamorcer les tensions et assurer une cohésion dans le groupe. - Intégration des outils technologiques avancés
• Utilisation de logiciels de gestion de flotte intégrant GPS, reporting automatisé, et contrôle à distance pour limiter la tricherie ou les déviations.
• Intégration d’une plateforme de gestion transparente, où chaque chauffeur pourra enregistrer ses revenus, ses absences ou incidents, facilitant ainsi le suivi et la responsabilisation.
En résumé : Il ne suffit pas simplement d’attribuer un véhicule pour que le chauffeur devienne responsable. La responsabilisation doit être un processus continu, appuyé par une technologie de point, des contrôles réguliers et un système de sanctions dissuasives. La responsabilisation individuelle doit s’accompagner d’une culture de responsabilisation collective, où chaque acteur se sent engagé dans la réussite commune du projet Taxi GAB.
Elle nécessite aussi une implication ferme de votre part, Monsieur le Directeur Général, pour faire respecter ces règles et instaurer une discipline durable. La crédibilité de l’ensemble du système en dépend, car sans discipline, tout effort pour structurer le transport urbain risque d’être vain.
En conclusion, pour sauver Taxi GAB de la dégradation et assurer sa pérennité, il faut instaurer une gouvernance ferme, transparente et dissuasive, combinée à une responsabilisation progressive mais ferme des chauffeurs. Ce changement de paradigme est indispensable pour transformer ce projet en un vrai modèle de transport responsable, fiable et respecté par tous.
Je reste à votre disposition pour toute assistance dans la mise en œuvre de ces stratégies et vous encourage à agir rapidement, avec fermeté et équité, en faveur d’un avenir meilleur pour le secteur du transport urbain au Gabon.