Gabon – Émirats : vers une transformation industrielle durable — analyse détaillée de l’accord prospectif sur la raffinerie de manganèse et la zone industrielle minière

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La rencontre de haut niveau tenue au palais présidentiel le 16 août 2025 entre le président Brice Clotaire Oligui Nguema et une importante délégation des Émirats arabes unis, conduite par le ministre du Commerce extérieur Dr Thani Bin Ahmed Al Zeyoudi, marque une étape décisive dans la stratégie gabonaise de transformation économique. Au-delà de la rencontre diplomatique, les discussions sur la construction d’une raffinerie de manganèse et la création d’une zone industrielle minière traduisent une ambition claire : extraire de la richesse à partir des ressources naturelles tout en maximisant la valeur ajoutée localement. Cet article propose une analyse approfondie — arguments, enjeux, modalités de mise en œuvre, risques, bénéfices et messages destinés aux citoyens — pour expliquer pourquoi ces projets sont importants et comment ils peuvent catalyser un véritable changement structurel et mental au Gabon.

Contexte stratégique : pourquoi le manganèse et l’industrialisation minière ?
Rareté et valeur du manganèse : Le manganèse est un composant essentiel de la sidérurgie (alliages, aciers inoxydables) et joue un rôle croissant dans les technologies liées aux batteries et aux énergies renouvelables. La valorisation locale de ce minerai présente donc un intérêt économique et stratégique majeur.
Opportunité de montée en gamme : L’exportation brute de minerais confine un pays à la dépendance des cours mondiaux et aux marges faibles. Le raffinage permet de capter une part plus importante de la chaîne de valeur, générant emplois qualifiés, recettes plus élevées et transferts technologiques.
Alignement avec la vision nationale : Les annonces du Président Oligui Nguema en faveur de la souveraineté économique et de la transformation locale trouvent ici une traduction concrète : capter la valeur ajoutée sur le territoire national plutôt que d’exporter des ressources non transformées.

Arguments économiques en faveur d’une raffinerie et d’une zone industrielle
Création d’emplois directs et indirects : Une raffinerie et une zone industrielle nécessitent une main-d’œuvre diversifiée (opérateurs, techniciens, ingénieurs, logistique, services), stimulant l’emploi à différents niveaux de qualification, et générant des emplois indirects dans les services, le transport, la restauration et le logement.
Augmentation des recettes publiques : La transformation locale accroît la valeur des exportations et la base fiscale (impôts sur les sociétés, taxes sur les salaires, taxes à l’exportation de produits à plus haute valeur ajoutée).
Industrialisation locale et effet d’entraînement : Une zone industrielle bien conçue crée un écosystème d’entreprises fournisseurs (maintenance, pièces, insumos), favorisant le développement d’un tissu industriel national durable.
Transferts technologiques et montée en compétences : Les partenariats avec des investisseurs étrangers, s’ils sont contractualisés avec des clauses de transfert de compétences, favorisent la formation et l’émergence d’un capital humain local capable d’assurer la gouvernance et la pérennité des installations.
Sécurité d’approvisionnement et résilience : Valoriser localement les ressources réduit la vulnérabilité aux fluctuations des prix internationaux et aux chocs logistiques, assurant une base industrielle plus résiliente.

Aspects techniques et logistiques à considérer
Choix du site et planification territoriale : La localisation de la raffinerie et de la zone industrielle doit prendre en compte l’accès aux gisements, aux voies ferroviaires et portuaires, aux ressources en eau et en énergie, ainsi que l’impact environnemental sur les communautés locales.
Infrastructures de transport : Le succès dépendra d’infrastructures ferroviaires et portuaires adéquates pour assurer des coûts logistiques compétitifs ; les discussions évoquant le ferroviaire sont donc centrales.
Approvisionnement énergétique : Les opérations industrielles sont énergivores — il faudra garantir un approvisionnement stable, compétitif et, idéalement, inclure des solutions d’énergies renouvelables pour réduire les coûts et l’empreinte carbone.
Gestion des déchets et normes environnementales : La raffinage et l’industrie minière impliquent des risques environnementaux (effluents, poussières, contamination des sols et eaux). Des normes strictes, des systèmes de traitement et une surveillance indépendante sont indispensables.
Local content et chaîne d’approvisionnement : Définir des exigences de contenu local pour les marchés publics et les sous-traitances afin de maximiser la participation des entreprises gabonaises et éviter la captation des bénéfices par des fournisseurs étrangers.

Gouvernance des partenariats et protection de l’intérêt national
Cadre contractuel transparent : Les accords doivent être publics, détaillant les investissements, les contreparties, la répartition des bénéfices, les clauses de transfert de technologie et les mécanismes de résiliation en cas de non-respect.
Clé de répartition des revenus : Négocier des mécanismes qui garantissent une part équitable des revenus pour l’État gabonais (redevances, participation au capital, obligations d’emploi local).
Mécanismes de contrôle et d’audit indépendants : Il est essentiel de mettre en place des audits financiers et techniques, des suivis environnementaux indépendants et des organes de contrôle impliquant la société civile.
Protection contre la prédation : Prévenir toute forme d’expropriation indirecte des bénéfices par une gouvernance forte, des clauses anti-corruption et des sanctions contractuelles claires.

Impacts sociaux et nécessité d’une approche inclusive
Réponses aux attentes locales : Les communautés autour des sites miniers doivent bénéficier d’un plan d’accompagnement social (emplois locaux prioritaires, programmes de formation, appui aux activités agricoles et artisanales alternes).
Prévention des conflits : Transparence des retombées et dialogue permanent avec les populations pour éviter ressentiments, mobilisations sociales ou blocages.
Logement et services sociaux : Anticiper et financer l’extension des services locaux (santé, éducation, assainissement) pour absorber la montée temporaire de la population liée aux projets.
Préservation des droits des populations autochtones : Respect des droits fonciers et des engagements de consultation préalable et renseignée des communautés concernées.

Impacts environnementaux et impératifs de durabilité
Évaluation d’impact environnemental (EIE) rigoureuse : Toute construction doit être précédée d’EIE indépendantes et publiées, avec plans d’atténuation et d’indemnisation.

Technologies propres et réduction des émissions : Intégrer des technologies permettant d’optimiser la consommation énergétique et de réduire les rejets polluants.
Plan de réhabilitation des sites : Prévoir des fonds et des obligations contractuelles pour la remise en état des sites en fin d’exploitation.
Surveillance continue : Créer des mécanismes de suivi écologique impliquant les autorités compétentes, les ONG et les communautés locales.

Scénarios financiers et modes de financement
Investissement mixte public-privé : Un montage financier combinant capital privé émirati, participation de l’État gabonais, financements multilatéraux (banques de développement) et garanties permettra de répartir les risques.

Incitations fiscales : Le Gabon pourra offrir des incitations temporaires (exonérations ciblées) mais celles-ci doivent être conditionnées à des engagements de création d’emplois et de transfert de technologie.
Risques de change et de prix : Mettre en place des instruments de couverture et clauses contractuelles pour limiter l’impact des fluctuations du marché sur la viabilité du projet.
Retour sur investissement : Les études économiques doivent être publiques et démontrer la rentabilité réelle du projet, incluant les coûts de conformité environnementale et sociale.

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Risques et éléments de vigilance
Capture des rentes et corruption : Sans vigilance, les projets peuvent enrichir des réseaux privés, au détriment des populations. La transparence et l’audit externe sont des garde-fous essentiels.
Dépendance externe : Un partenariat mal équilibré pourrait conduire à une dépendance technologique et commerciale envers un seul partenaire étranger.
Surtensions sociales : Les espoirs légitimes d’emploi peuvent être déçus si le contenu local n’est pas respecté ; la frustration peut mener à des mouvements sociaux.
Marchés instables : Le prix du manganèse et la demande industrielle peuvent fluctuer ; le projet doit être robuste à la variabilité des marchés.

Pourquoi ces projets sont importants — arguments touchants et citoyens
Pour la dignité nationale : Transformer nos ressources, c’est affirmer la capacité du Gabon à décider de son destin économique. Ce n’est pas seulement une question de richesse, mais de fierté et d’autonomie.
Pour l’avenir des jeunes : Une industrie locale forte offre des emplois qualifiés, des perspectives professionnelles valorisantes et le maintien des talents au pays au lieu d’une fuite des cerveaux.
Pour les territoires oubliés : L’industrialisation minière peut être le levier qui entraîne le développement d’infrastructures, d’écoles et d’hôpitaux dans des zones longtemps marginalisées.
Pour la solidarité intergénérationnelle : En captant de la valeur aujourd’hui, le Gabon peut construire des fonds souverains et des ressources pour l’éducation et la santé des générations futures.
Pour un modèle de développement durable : En intégrant critères sociaux et environnementaux dès le départ, le pays peut montrer qu’il est possible de concilier industrie et préservation de la nature — un message puissant pour l’Afrique et le monde.
Pour la transformation mentale : Ces projets montrent que l’on peut passer de l’extractivisme passif à une logique proactive de transformation, d’innovation et d’indépendance — invitant chaque citoyen à se projeter comme acteur du changement.

Modalités concrètes de réussite — recommandations détaillées
Publier et débattre publiquement les accords-cadres pour assurer l’adhésion citoyenne.
Intégrer des clauses de contenu local progressif et mesurable : objectifs annuels d’emploi local, pourcentage minimal d’achat auprès d’entreprises gabonaises et phases de transfert de technologie.
Créer un fonds de développement local alimenté par une partie des revenus de la raffinerie pour financer projets sociaux et infrastructures dans les zones impactées.
Lancer des programmes massifs de formation technique (apprentissage, instituts techniques, partenariats universitaires) en amont du démarrage industriel.
Mettre en place une cellule mixte État-société civile pour le suivi environnemental et social avec pouvoir d’injonction et publication régulière des rapports.
• Prévoir des mécanismes d’arbitrage international clairs mais avec clauses protégeant l’intérêt public gabonais.
Assurer une coordination nationale des investissements (planification intégrée : énergie, transport, eau, santé) pour éviter la dispersion des ressources.
Encourager la création de PME locales fournisseurs par des mesures fiscales et des facilités d’accès au financement.
Favoriser des partenariats académiques et de recherche pour adapter les technologies à la réalité gabonaise.

Communication et implication des citoyens
Transparence gouvernementale : Des briefings réguliers, la mise en ligne des documents et des sessions de questions-réponses permettront d’installer la confiance.

• Consultations locales : Organiser des forums publics dans les provinces concernées pour recueillir avis et recommandations, et intégrer ces retours dans les contrats.
Sensibilisation : Campagnes d’information sur les bénéfices attendus, les droits des communautés, les mécanismes de plainte et de réparation.
Valorisation des initiatives citoyennes : Encourager les entrepreneurs, chercheurs et auteurs gabonais à proposer des solutions locales (technologies, services, projets) et faciliter leur financement.

message aux citoyens et appréciation du rôle présidentiel
La perspective d’une raffinerie de manganèse et d’une zone industrielle minière, portée par le dialogue entre Libreville et Abou Dhabi, est une opportunité historique pour le Gabon de franchir une étape majeure vers l’industrialisation et la souveraineté économique. Ces projets peuvent générer emplois, recettes et transferts de compétences indispensables à une économie résiliente et diversifiée. Ils viennent aussi confirmer la volonté du président Brice Clotaire Oligui Nguema de transformer les ressources nationales en richesse partagée.

    Cependant, la réussite ne sera ni automatique ni instantanée. Elle dépendra de la qualité des accords négociés, de la rigueur de la gouvernance, de la protection de l’environnement et des droits des populations, de la transparence des procédures et de la capacité du pays à mobiliser ses talents. C’est pourquoi chaque citoyen a un rôle à jouer : suivre, questionner, proposer et veiller à ce que les retombées du développement soient équitables.

    Message final au peuple gabonais et au Président

    Citoyennes, citoyens du Gabon : ces projets sont porteurs d’espoir mais ils exigent votre vigilance. Informez-vous, participez aux consultations, exigez la transparence et soutenez les initiatives locales qui renforceront nos capacités. Monsieur le Président, vos actions sont déterminantes pour rompre définitivement avec l’extractivisme passif. Pour réussir, il faudra garantir la transparence des accords, l’inclusion des communautés, le transfert de compétences et la protection de l’environnement. Encouragez et soutenez les Gabonais qui veulent entreprendre — par des financements, par des formations, par des espaces de co-création — car le véritable changement passe aussi par la mobilisation de tous.

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