HAUTE CORRUPTION : L’Impératif d’une Justice Égale pour Consolider la « Renaissance » Gabonaise

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La rencontre tenue ce jeudi au Palais Rénovation entre le Président de la République, S.E. Brice Clotaire Oligui Nguema, et une délégation du corps judiciaire, a réaffirmé une volonté politique forte, celle de la « Tolérance zéro » face à la corruption et à l’impunité.

L’ordre d’ouvrir des audits et des enquêtes dans toutes les régies financières marque un pas décisif, voire historique, dans la quête de moralisation de la vie publique gabonaise, une promesse centrale de la « Renaissance » annoncée.

Cette démarche présidentielle, saluée par l’opinion publique comme un élan de courage et de rupture, constitue une fondation essentielle pour rebâtir la confiance entre l’État et ses citoyens, ébranlée par des décennies de malversations. Cependant, l’efficacité de cette politique repose sur un pilier fondamental, mais souvent le plus fragile : le système judiciaire.

L’Analyse et le Développement du Principe de « Tolérance Zéro » Le concept de « Tolérance zéro » est plus qu’un slogan ; c’est un engagement à éradiquer les pratiques délictueuses, quelle que soit la position sociale ou politique des auteurs.

Le Contexte et la Nécessité des Audits Les audits et les enquêtes ordonnées sont cruciaux.

Ils ne servent pas uniquement à identifier les détournements passés, mais également à cartographier les failles structurelles qui ont permis la corruption et l’impunité. Les régies financières, cibles privilégiées, sont les poumons de l’économie nationale. Leur assainissement est une condition sine qua non pour garantir une redistribution équitable des richesses et une meilleure efficacité de l’administration.

Argument : La lutte contre la corruption est un impératif économique. La corruption agit comme une taxe invisible et régressive, décourageant l’investissement étranger, faussant la concurrence et drainant les ressources qui devraient être allouées aux secteurs sociaux vitaux comme la santé et l’éducation.

En restaurant la probité des régies financières, le Gabon augmente son potentiel de croissance et améliore son indice de développement humain.

La Complexité de la Mise en Œuvre et les Risques La décision du Président Oligui Nguema est bonne, mais sa réussite est suspendue à une question existentielle : le respect et l’application sans distinction de cette décision par la chaîne judiciaire.

Message au Président : Le Scepticisme de l’Application Monsieur le Président de la République, votre démarche courageuse et votre réaffirmation du principe de « Tolérance zéro » sont la flamme de l’espoir pour le peuple gabonais.

Toutefois, l’histoire récente de notre nation est jalonnée de déclarations similaires dont les effets se sont éteints dès que les enquêtes ont touché des figures puissantes. Le risque est réel que les enquêtes actuelles ne se transforment en une simple justice sélective, où seuls les petits poissons ou les adversaires politiques sont sanctionnés, tandis que les grands barons de la corruption bénéficient du « paradis de l’impunité ». Pour que votre décision soit véritablement respectée, il faut que l’appareil judiciaire joue véritablement son rôle et que le principe d’égalité de tous devant la loi soit intangible.

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La justice ne doit pas être une justice à deux vitesses — une justice sévère pour les pauvres et les sans-grade, et une justice indulgente pour les riches et les puissants.

Propositions pour Mieux Lutter Contre l’Impunité et la Corruption Pour transformer cette volonté politique en une réalité durable, il est indispensable de consolider l’indépendance et l’efficacité de l’appareil judiciaire. Proposition

Renforcement Drastique de l’Indépendance du Pouvoir Judiciaire Développement et Explication : L’indépendance du juge est la condition de l’impartialité. Aujourd’hui, les pressions politiques, économiques ou hiérarchiques sont un frein majeur à la poursuite des affaires sensibles.

Action Concrète : Réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) : Réviser sa composition pour garantir une majorité de membres élus par leurs pairs et une représentation accrue de la société civile, réduisant ainsi l’emprise de l’Exécutif sur la nomination, l’avancement et la sanction des magistrats. Protection des Magistrats Instructeurs : Instaurer un statut spécial pour les juges d’instruction et les procureurs chargés des dossiers de corruption et de crime financier.

Cela inclut une sécurité physique, une garantie contre les mutations arbitraires et des ressources matérielles et humaines suffisantes pour mener à bien leurs missions. Proposition 2 : Spécialisation et Mutualisation des Compétences Anti-Corruption Développement et Explication : La lutte contre la grande corruption nécessite des expertises techniques pointues (finance, comptabilité, droit international). Un juge non-spécialiste peut être facilement dérouté par la complexité des montages financiers internationaux.

Action Concrète : Création de Pôles Judiciaires Spécialisés : Mettre en place des « Pôles Financiers » ou des tribunaux spécialisés anti-corruption, composés de juges, de procureurs, de policiers et de contrôleurs des finances (auditeurs) formés spécifiquement à la traque des flux illicites, du blanchiment de capitaux et de l’enrichissement illicite.

Encourager la Coopération Internationale : Faciliter la collaboration avec les agences étrangères et les organisations comme l’ONUDC (Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime) et Interpol pour suivre les avoirs détournés à l’étranger. Proposition

Mise en Place de la Justice Restauratrice et de la Transparence Développement et Explication : La finalité de la justice dans les affaires de corruption ne doit pas se limiter à la peine d’emprisonnement, mais aussi au recouvrement des avoirs volés et à la réparation du préjudice subi par l’État.

Action Concrète : Loi sur la Dénonciation (Whistleblowers) : Adopter une loi garantissant la protection absolue des dénonciateurs et des témoins. Leur identité doit être protégée et des mécanismes d’incitation (financière ou autre) mis en place pour encourager la libération de l’information.

Recouvrement des Avoirs : Renforcer la capacité de l’État à saisir et à récupérer les biens mal acquis. Les avoirs recouvrés doivent être affectés à un fonds public transparent pour des projets sociaux (écoles, hôpitaux), symbolisant la victoire de la justice sur la prédation. Conclusion : La détermination du Président Oligui Nguema à imposer la « Tolérance zéro » est la première pierre angulaire de la Renaissance gabonaise. Cependant, la pérennité de cette volonté repose sur la solidité et l’impartialité de l’institution judiciaire.

Le défi est de taille : il s’agit de démanteler des réseaux d’impunité souvent tissés au plus haut niveau de l’État.

Le Chef de l’État a donné l’ordre. Il revient désormais au corps judiciaire, en collaboration avec les ministères de la Justice, de l’Intérieur et de la Défense, d’agir avec une rigueur inébranlable et sans distinction.

Seule une justice qui s’applique à tous – du sommet de l’administration au simple citoyen – sans favoritisme, confirmera la crédibilité de l’engagement de l’État et garantira que cette phase de « Renaissance » ne soit pas qu’un intermède, mais bien le socle d’un Gabon nouveau, juste, intègre et prospère. L’égalité devant la loi est le miroir de l’État de droit ; le peuple gabonais attend que ce miroir reflète enfin une image de justice impeccable.

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