Héritage Familial et Pouvoir Présidentiel en Afrique : Le Cas du Gabon
Les présidents africains et leurs familles : une relation complexe
En Afrique, l’accession à la présidence d’un pays semble souvent s’accompagner d’un phénomène inquiétant : l’implication de la famille du Chef d’État dans la gestion des affaires publiques. Le Gabon, avec son histoire récente, en est un exemple frappant.

Lorsqu’un candidat se présente aux élections présidentielles, il demande le suffrage du peuple dans l’objectif de diriger le pays. Cependant, une fois élu, on a parfois l’impression que c’est toute sa famille qui accède au pouvoir. La femme devient une femme d’affaires, les enfants proches du père prennent des décisions, et l’entourage familial semble se servir dans les caisses de l’État comme bon leur semble. Ce phénomène, malheureusement répandu en Afrique, soulève de nombreuses interrogations.
Le cas du Gabon sous l’ère Bongo : un exemple criant de dérive familiale
Pendant les longues années de règne Bongo à la tête du Gabon, certains membres de sa famille ont pu se servir dans les caisses de l’État sans aucune retenue. Sa femme est devenue une femme d’affaires influente, tandis que ses enfants ont également profité de leur position pour s’enrichir. Toute critique ou remise en question de cette situation était sévèrement réprimée, créant un climat de peur et de complaisance.
Lorsque le Président était malade, sa femme et ses enfants ont pris les rênes du pays, violant ainsi la Constitution qui ne prévoit pas ce type de succession. Ils ont nommé des personnes de leur choix au gouvernement et dans les directions, rendant le système encore plus opaque et contrôlé par la famille présidentielle.

Pire encore, lorsque le Président n’était plus en mesure de gérer le pays, il a préparé son fils à lui succéder, perpétuant ainsi un héritage familial sur le pouvoir. C’est le peuple qui a payé le prix de ces dérives, subissant les conséquences d’un système qui ne profitait qu’à une poignée de personnes.
Un changement de cap avec la nouvelle Constitution du Gabon ?
Face à ces constats alarmants, la nouvelle Constitution du Gabon, élaborée sous la transition du Président Brice Clotaire Oligui Nguema, apporte un changement majeur. L’article 43 stipule désormais qu’après le mandat d’un président, ni son conjoint ni ses descendants ne peuvent se présenter à sa succession.
Cette décision inédite dans l’histoire constitutionnelle africaine vise à rompre avec les dérives familiales qui ont gangrené de nombreux pays du continent. En interdisant aux proches du Président de briguer la magistrature suprême, la nouvelle Constitution du Gabon espère mettre fin à cette pratique néfaste et rétablir une véritable alternance démocratique.
Conclusion : vers une Afrique libérée des héritages familiaux du pouvoir ?
L’exemple du Gabon montre à quel point la mainmise des familles présidentielles sur les affaires publiques peut être dommageable pour un pays. Cependant, la décision courageuse d’interdire la candidature des proches du Président après son mandat ouvre la voie à une nouvelle ère, où le pouvoir ne serait plus considéré comme un héritage familial, mais comme un mandat confié par le peuple.
Si d’autres pays africains suivent cet exemple, cela pourrait marquer un tournant décisif dans la gouvernance du continent, en favorisant une véritable alternance démocratique et en plaçant l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers. C’est le défi majeur qui se pose aujourd’hui aux dirigeants africains, s’ils veulent bâtir des États plus justes et transparents, au service de leurs citoyens.