La nécessité d’établir et respecter la loi avant d’adopter toute décision : une leçon pour le peuple et les dirigeants
Dans tout pays démocratique ou en voie de développement, la loi constitue le fondement même de la gouvernance, de la justice et de la stabilité. Son rôle n’est pas simplement d’ériger des règles, mais surtout de garantir l’équité, la sécurité juridique et le respect des droits de tous les citoyens. Cependant, force est de constater qu’au Gabon comme dans d’autres nations, l’adoption de décisions unilatérales ou arbitraires sans appui législatif entraîne souvent confusion, injustice et crises sociales. Il est impératif que le peuple et les dirigeants prennent conscience qu’avant de dresser des interdits ou de fixer des nouvelles politiques, il faut d’abord disposer d’un cadre juridique clair, stable et respecté par tous.
Qu’est-ce qu’une loi ? Définition et rôle fondamental
Une loi est une règle juridique adoptée par une autorité légitime, généralement le Parlement ou le corps législatif d’un pays. Elle sert à organiser la société, à définir les droits et devoirs des citoyens, à réguler la vie économique, sociale et politique. La loi a pour but d’assurer la paix sociale, la justice et la stabilité en imposant des règles communes auxquelles tous doivent se conformer, sous peine de sanctions.
Dans un État démocratique, la loi doit être claire, précise, conforme à la Constitution et respecter les droits fondamentaux. Elle doit aussi faire l’objet d’un processus législatif transparent, incluant débats publics, consultations et vote pluraliste. La loi n’est pas un outil d’arbitraire ou de surenchère, mais une architecture légale qui établit un cadre stable permettant à tous les citoyens de connaître leurs droits et obligations.
La loi : pierre angulaire du bon fonctionnement d’un pays
Une société juste et organisée ne peut pas se fonder uniquement sur des décrets, des ordonnances ou des décisions prises à la légère. La légalité doit précéder la légitimité, autrement dit, toute décision doit s’appuyer sur une base légale préalable. Cela garantit que les mesures prises sont applicables, équitables et respectueuses des droits fondamentaux.
Prenons l’exemple d’une décision visant à interdire ou réglementer la présence d’étrangers dans le secteur des taxis. Si aucune loi n’interdit aux étrangers de conduire des taxis, procéder à des arrestations ou des interdictions sans cadre législatif semblable est non seulement illégal, mais aussi source de conflit et de chaos. Il est donc essentiel que, avant toute mesure, le gouvernement ou les autorités législatives adoptent une loi spécifique qui encadre précisément cette activité, en clarifiant les droits, les devoirs et les sanctions en cas de non-respect.
La conséquence désastreuse des décisions sans cadre légal clair
Prendre des décisions sans fondement législatif approprié, c’est ouvrir la porte à l’arbitraire, à la discrimination et à l’injustice. Cela engendre plusieurs risques :

- Injustice et abus de pouvoir : Des agents ou responsables peuvent interpréter à leur guise l’absence de loi pour appliquer des sanctions ou restrictions injustes. Cela fragilise la confiance dans les institutions et peut conduire à des abus.
- Incertitude juridique : Les citoyens ne savent plus ce qui leur est permis ou interdit, ce qui paralyse l’économie et troubler la cohésion sociale. Par exemple, si les étrangers sont suspectés de faire du taxi, sans loi précise, leur expulsion ou arrestation repose sur une décision subjective, source de tensions et d’illégalité.
- Incompatibilité avec les droits fondamentaux : Sans cadre légal, des mesures peuvent violer les droits humains, comme celui à la liberté de circulation ou à l’égalité devant la loi.
- Perte de crédibilité de l’État : Lorsqu’un gouvernement décide d’agir sans lois, il affaiblit la confiance de la population dans ses institutions et dans la capacité de l’État à garantir l’ordre et la justice.
La nécessité de lucidité et de préparation dans la prise de décisions
Avant d’adopter une politique ou une interdiction, il est indispensable que les autorités se posent plusieurs questions :
• Existe-t-il une loi en vigueur pour réguler cette activité ou cette situation ? Si oui, cette loi est-elle appliquée ou respectée ?
• Si aucune loi n’existe, pourquoi ne pas commencer par la faire voter, consulter ou élaborer une réglementation claire et précise ?
• Quelles sont les conséquences sociales, économiques ou juridiques d’une mesure ? La population a-t-elle été consultée ou informée ?
La réponse à ces questions doit guider toute action, afin d’assurer que chaque décision soit légitime, équitable et conforme au cadre juridique du pays. Agir sans respecter ce principe revient à fragiliser encore davantage l’État de droit, à encourager l’arbitraire, et à alimenter la méfiance et l’instabilité sociale. Par conséquent, avant toute mesure, il est impératif que le gouvernement, en collaboration avec le Parlement, s’engage dans un processus législatif rigoureux. Cela permet non seulement de garantir la légalité des décisions, mais aussi d’assurer leur légitimité auprès de la population, qui doit savoir que ses droits et devoirs sont encadrés par des textes clairs et respectés par tous.
La responsabilité des dirigeants : poser les bonnes bases
Les dirigeants ont donc une responsabilité cruciale : ils doivent prioriser la création et l’actualisation d’un cadre législatif solide. Cela implique :
• L’élaboration de lois pertinentes : Toute nouvelle réglementation doit faire l’objet d’un débat sincère, de consultations participatives et d’un vote démocratique.
• La communication transparente : Une fois la loi adoptée, la population doit être pleinement informée de ses contenus et de ses implications.
• La mise en œuvre de l’état de droit : La loi doit être appliquée de manière égale, sans discrimination, avec des sanctions clairement définies pour les violations.
La gouvernance basée sur la légalité, la transparence et la participation
Ce n’est qu’en respectant ces principes fondamentaux que le pays pourra avancer vers une gouvernance plus crédible, plus juste et plus stable. La démocratie n’est pas seulement l’élection de ses dirigeants, mais aussi la garantie que chacun vit dans un État de droit où ses droits sont protégés et ses devoirs respectés.
En conclusion, toute décision importante, qu’elle concerne la régulation de l’activité des étrangers, la sécurité publique ou tout autre domaine sensible, doit être précédée d’un cadre législatif clair. Sans cela, on court le risque de devenir une société où la loi n’a plus de valeur, où l’arbitraire triomphe, et où la confiance dans l’État se désagrège progressivement. La priorité doit donc être donnée à la mise en place ou à la consolidation d’un système juridique fort, équitable, respecté par tous, afin que le pays puisse bâtir un avenir stable et prospère.