LE TOUR DU PROPRIETAIRE DES NOUVEAUX MEMBRES DU GOUVERNEMENT : analyse, questions et propositions pour une gestion durable des administrations publiques au Gabon
Lorsqu’un nouveau Ministre est nommé au Gabon, une étape quasi systématique, souvent relayée par les médias, est “le tour du propriétaire” dans ses administrations rattachées à sa tutelle. Ce rituel, que l’on perçoit comme une simple formalité ou une opération de vérification, soulève pourtant une série d’interrogations légitimes chez les citoyens. Qu’est-ce que cela signifie réellement ? Pourquoi chaque nouveau Gouvernement ou nouveau Ministre en fait-il une étape incontournable ? Et surtout, quelle est la valeur concrète de cette démarche après qu’elle a été réalisée ? Voici une analyse approfondie, des questions que se posent nombreux compatriotes, ainsi que des propositions pour renforcer cette démarche en vue de solutions durables.
Qu’est-ce que “faire le tour du propriétaire” signifie concrètement ?
L’expression “faire le tour du propriétaire” désigne, dans le contexte administratif, la visite systématique des administrateurs et structures relevant d’un ministère ou d’une institution pour constater leur état. Cela inclut généralement :
• La visite des bâtiments (bureaux, locaux techniques, infrastructures)
• La rencontre avec le personnel (agents, staff administratif, techniciens)
• La vérification des équipements, des conditions de travail (fournitures, matériel, état du mobilier, sanitaires)
• La discussion avec les responsables locaux ou les chefs d’unité pour évaluer leur gestion et leurs besoins.
L’objectif apparent est de “prendre la mesure” de la situation, d’établir un état des lieux et de s’assurer que la gestion quotidienne fonctionne dans la normalité. C’est souvent accompagné d’un constat des difficultés, telles que des bureaux vétustes, des équipements défectueux, un manque de ressources ou un personnel sous-adapté.
Pourquoi chaque nouveau Ministre répète-t-il cette cérémonie ?
Ce qui attise l’intérêt et parfois la suspicion chez les citoyens, c’est la répétition presque mécanique de cette procédure à chaque changement de titulaire. En toute logique, on pourrait se demander :
• Quel est réellement le but de ces visites régulières ?
• S’agit-il d’un simple contrôle superficiel ou d’un vrai diagnostic ?
• Est-ce une étape pour prendre en charge des problèmes structurels ou seulement une formalité d’apparence ?
• Quelle différence cela fait-il au final, si le Ministre repart sans avoir engagé de véritables réformes ?
De nombreux observateurs notent que ce “tour du propriétaire” se limite souvent à un constat des symptômes, sans qu’aucune étape concrète ne suive pour régler en profondeur les problèmes. La majorité des agents administratifaises constatent que, malgré ces visites, les conditions de travail restent insalubres : locaux insalubres, mobiliers cassés, services défaillants, accès à l’eau ou à l’électricité instables, absence de matériel de bureau ou de moyens modernes pour fonctionner efficacement.
Cela conduit à une question centrale : à quoi sert réellement cette étape si elle ne débouche pas sur des actions concrètes ?
Car, souvent, après cette démarche, rien ne change dans la gestion quotidienne ni dans l’amélioration durable des conditions de travail. La visite, dans ce cas, apparaît alors comme un ritualisme, une étape symbolique sans véritable impact.
La suite après le tour du propriétaire : l’éternel état des lieux ou… autre chose?
On constate que, même après la visite, la situation des administrations reste dégradée :
• Les bâtiments toujours vétustes ou délabrés, parfois dangereux
• Les matériels d’exploitation obsolètes ou en panne
• Le personnel peu motivé par le manque de moyens ou par ses conditions de travail difficiles
• L’administration toujours confrontée à des difficultés chroniques, telles qu’un manque de matériel, des ressources insuffisantes ou une gestion peu efficiente.
Ce qui est frappant, c’est que, lors de la passation de service ou de la remise en marche, personne ne semble faire un véritable bilan pour régler ces problèmes de fond. Le “tour du propriétaire” ne semble souvent qu’être un inventaire de surface ou une étape protocolaire plutôt qu’un diagnostic précis et une étape de résolution.
L’une des grandes questions que se pose alors la population est : “Après ce tour, qu’est-ce qui a été réellement entrepris pour améliorer ces structures ?”
Dans l’idéal, cette étape aurait dû s’accompagner d’un plan d’action précis, d’un calendrier de réfection ou de modernisation, et surtout d’un budget dédié pour lancer les travaux ou l’équipement nécessaire. Mais cela ne se produit pas toujours.
Analyse : pourquoi le changement ne survient-il pas systématiquement ?
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation :
• Le manque de moyens financiers suffisants pour effectuer des réhabilitations en profondeur.
• L’absence de planification stratégique à long terme pour l’entretien et la modernisation des infrastructures publiques.
• Une gestion inefficace ou peu transparente, où les moyens alloués sont détournés ou mal utilisés.
• Les carences en suivi et en contrôle exhaustif pour vérifier si les mesures adoptées après le tour du propriétaire sont réellement appliquées.
• L’illusion du contrôle sans une volonté politique ferme d’engager des réformes structurelles.
Par ailleurs, si aucune action concrète n’est menée à la suite de ce tour, cela amène certains citoyens à se poser la question suivante : “Ce rituel est-il une simple opération de communication ou une véritable étape pour améliorer la gestion publique ?”

Quelles propositions pour que cette étape devienne réellement un levier de changement durable ?
Face à cette problématique, il est urgent de repenser et d’organiser de façon plus efficace cette étape clé.
- Mettre en place un plan d’action précis et priorisé
Chaque tour du propriétaire doit faire l’objet d’un rapport détaillé qui inclut :
• La liste précise des problèmes rencontrés, avec leur degré d’urgence
• Des recommandations concrètes et une planification pour y remédier
• Des échéances et un budget prévisionnel pour la mise en œuvre
- Créer un service de suivi et d’évaluation
Une fois le rapport dressé, il faut instaurer une cellule de suivi indépendante, chargée de vérifier l’état d’avancement des travaux ou réformes engagés. Cela peut inclure :
• Des inspections périodiques
• La publication de rapports transparents accessibles au public
• La responsabilisation des responsables en cas de non-respect des engagements
- Allouer un budget spécifique pour la réhabilition des infrastructures dégradées
Il faut prévoir une ligne budgétaire dédiée à la réparation, la modernisation, et l’équipement des administrations. Sans financement dédié, ces problèmes reviendront toujours, car ils sont trop souvent considérés comme secondaires.
- Associer la société civile et les usagers dans le contrôle
Les citoyens, les usagers, ou même des associations professionnelles doivent être impliqués dans le processus. Leur rôle sera de faire des retours réguliers, de dénoncer les défaillances et de contribuer à la transparence.
- Instaurer une culture de la gestion durable et de la maintenance préventive
Au lieu d’intervenir uniquement lorsque l’état de dégradation devient critique, il faut planifier régulièrement l’entretien et la rénovation des bâtiments et des équipements pour éviter de revenir constamment à la case départ.
- Renforcer la sanction contre les dérives
Tout manquement ou mauvaise gestion doit être sanctionné fermement pour dissuader les irresponsables, y compris par des audits et contrôles réguliers.
Appel aux responsables du gouvernement et aux agents publics
Il est temps que la démarche du “tour du propriétaire” devienne une étape sérieuse, suivie de véritables actions concrètes et durables. La responsabilisation des dirigeants et une gestion transparente doivent être la priorité pour améliorer durablement les conditions de travail et le service rendu aux citoyens. Parce qu’il n’est pas admissible que la majorité de nos administrations soient constamment en souffrance, avec des locaux insalubres et un matériel obsolète.
L’État et ses responsables doivent donc s’engager à :
• Investir réellement dans l’entretien et la modernisation des infrastructures.
• Mettre en œuvre des catalogues de réformes structurantes avec des échéances\n et des responsables identifiés.
• Assurer un suivi rigoureux et transparent de chaque étape.
Conclusion : Le “tour du propriétaire” dans les administrations est une étape utile, mais insuffisante si elle ne s’accompagne pas d’actions concrètes, d’un suivi stratégique, et d’un financement pérenne. Il ne faut pas que cette étape reste une simple formalité ou une opération ponctuelle pour faire bonne figure. Il faut plutôt en faire un levier sérieux pour transformer durablement nos administrations publiques et offrir des conditions de travail décentes à ceux qui y œuvrent. La reconstruction de la gestion publique du Gabon commence par une vraie volonté politique, une gestion transparente, et une détermination à résoudre définitivement ces problèmes récurrents.
Je lance un appel solennel à l’ensemble des responsables : faites de cette étape une véritable révolution dans la gestion publique, pour le bien de tous les Gabonais. La confiance et le progrès en dépendent.