Lettre ouverte au Président de la République — Restauration de la confiance et fermeté face aux dérives électorales

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Monsieur le Président de la République, Chef de l’État et Chef du Gouvernement, Son Excellence Brice Clotaire Oligui Nguema

Monsieur le Président,

Permettez moi, en ma qualité de Coordinateur Général du réseau AsCom, de m’adresser à Vous une fois de plus avec respect, gravité et espoir. Je vous écris pour attirer votre attention sur une préoccupation profonde qui ronge aujourd’hui la confiance des Gabonais dans le processus démocratique et, partant, dans la direction que Vous donnez à notre pays. Vous êtes reconnu par nombre de compatriotes comme un bâtisseur et un libérateur — vous avez redonné dignité et espoir au peuple gabonais — mais la persistance de dérives lors des récentes élections législatives et locales met en péril le capital de confiance que Vous avez patiemment construit. Il est de notre devoir collectif de tirer les leçons de ces événements et d’agir avec la fermeté et la clairvoyance requises.

Constats et enjeux
La confiance s’effrite : Après le 30 août 2023 et l’élection présidentielle d’avril 2024, les Gabonais ont massivement témoigné leur confiance en Vous. Cette adhésion populaire s’est traduite par un vote massif. Or, depuis les scrutins législatifs et locaux de septembre 2025, des pratiques que nous pensions combattues (tricheries, corruption électorale, procurations abusives, irrégularités dans la gestion des bureaux de vote, absence de bulletins, etc.) semblent s’être réinstallées. Cette réapparition jette un doute sur l’ensemble du processus démocratique et affaiblit la légitimité des institutions issues de ces scrutins.
La responsabilité présidentielle demeure centrale : Même si Vous n’êtes pas directement responsable des fautes individuelles commises par des collaborateurs ou des représentants de Votre camp, la population vous regardera toujours comme le garant ultime des choix politiques et moraux. Une seule faute répétée par vos alliés suffit pour remettre en cause votre jugement et affaiblir votre image de Chef d’État intègre.
La politique fissure la société : La politique divise — familles, amis, communautés. Le risque, si rien n’est fait, est de voir renaître la défiance, la haine et le désintérêt pour la chose publique, qui avaient conduit à la rupture dramatique de la confiance nationale.

Analyse des causes probables
Ralliements d’anciens acteurs : Beaucoup de personnes et d’acteurs politiques issus de l’ancien système ont rejoint vos rangs. Sans réforme profonde des pratiques et sans engagement clair à abandonner les anciennes méthodes, leurs comportements peuvent perdurer.
Faiblesses de la gouvernance interne des partis : L’absence de contrôle interne, de formation civique des cadres et de sanctions proportionnées laisse la porte ouverte aux abus.
Insuffisances organisationnelles et administratives : Moyens logistiques, formation du personnel électoral, transparence des opérations de dépouillement et de centralisation des résultats : autant de maillons fragiles à renforcer.
Culture de l’impunité et appâts financiers : L’achat de voix et la corruption électorale continuent d’être des leviers puissants et enracinés pour obtenir des résultats, surtout si les sanctions sont rares ou peu dissuasives.

Recommandations et conseils — mesures concrètes et graduées
Monsieur le Président, vous avez la capacité d’agir rapidement et de manière visible pour restaurer la confiance. Voici des mesures ciblées et complémentaires que je propose, classées par urgence et impact :

Mesures immédiates (action dans les jours/semaines)
Ouverture d’une commission d’enquête indépendante : Mandater une commission composée de personnalités nationales et internationales reconnues (juristes, universitaires, représentants de la société civile, observateurs internationaux). Elle devra établir les responsabilités, recenser les irrégularités et proposer des recommandations publiques.
Suspension provisoire de tout élu ou cadre faisant l’objet d’accusations crédibles : Jusqu’à la fin de l’enquête, pour éviter l’opacité et les pressions locales.
Communication transparente : Informer régulièrement la nation des démarches engagées, des résultats intermédiaires et des suites données. La transparence renforcera la crédibilité.

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Mesures à court terme (action dans les mois)
Sanctions exemplaires : Si des fraudes sont prouvées (achat de voix, falsification de résultats, abus de procurations), appliquer des sanctions pénales et administratives — annulation de suffrages, inéligibilité, poursuites judiciaires. La sanction doit viser tant les exécutants que les donneurs d’ordre, sans exception.
• Réforme des règles internes des partis : Exiger des chartes d’éthique pour les formations politiques, avec règles claires de sélection des candidats, de gestion des procurations et des campagnes.
• Renforcement de l’administration électorale : Professionnalisation du personnel, formation obligatoire, mécanismes de responsabilisation, contrôle externe renforcé.

Mesures structurelles et préventives (action sur le long terme)
Modernisation du fichier électoral : Audit complet, biométrie si possible, simplification et sécurisation des listes pour éviter les procurations et doubles inscriptions.
Campagnes d’éducation civique : Sensibiliser les électeurs sur la valeur du vote, les risques de la corruption électorale, et les moyens de défense (signalements, recours).
Partenariats avec observateurs internationaux : Inviter et faciliter l’observation indépendante systématique des scrutins.
ransparence budgétaire des campagnes : Limiter et contrôler les financements des campagnes pour réduire l’influence de l’argent.

Sur le plan politique et moral
Rétablir la parole vraie auprès de vos conseillers : Entourez vous de collaborateurs qui osent vous dire la vérité, qui remettent en cause les compromis opportunistes et qui défendent l’intérêt général plutôt que des gains à court terme.
Exemple personnel : Continuez à incarner l’intégrité. Les gestes symboliques (assumer des décisions difficiles, sanctionner des proches fautifs) pèsent lourd dans la perception publique.
Dialogue avec la société civile : Impliquer davantage les organisations de la société civile, les jeunes, les femmes et les communautés locales pour co-construire des solutions.

Message final — responsabilité et opportunité

Monsieur le Président, vous êtes à la tête d’un pays qui vous a offert une confiance exceptionnelle. Cette confiance est fragile et mérite d’être protégée par des décisions courageuses et transparentes. Plus que jamais, le Gabon a besoin d’un leadership ferme, impartial et visionnaire. Prouver que personne n’est au dessus de la loi, quel que soit son rang ou sa proximité politique, est la condition pour que le peuple retrouve définitivement foi en ses institutions.

En tant que Coordinateur Général du réseau AsCom, je vous adresse ces recommandations avec respect et détermination. Elles ne visent pas à nuire, mais à préserver l’essentiel : la paix civile, la dignité du peuple gabonais et la pérennité d’un État de droit moderne. Je suis persuadé que, si vous agissez maintenant avec clairvoyance, le Gabon pourra avancer plus uni et plus fort vers la modernité que vous appelez de vos vœux.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’assurance de ma haute considération.

Amos MINTSA
Coordinateur Général du Réseau AsCom

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