RESEAUX SOCIAUX :l’inévitable mal de la jeunesse gabonaise ?

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Les réseaux sociaux ont profondément transformé le mode de vie, la communication et la consommation d’information dans nos sociétés. Ils offrent une plateforme d’échange, d’apprentissage et d’expression qui peut être exceptionnelle dans de nombreux contextes. Cependant, leur utilisation massive chez les enfants et les jeunes soulève des préoccupations majeures, notamment en matière de sécurité, de développement psychologique, d’éducation morale et de cohésion sociale. Si ces plateformes ne sont pas encadrées efficacement, elles deviennent de véritables terrains de danger où prolifèrent la violence, la haine, la désinformation, la manipulation et l’exploitation.

La pénétration des réseaux sociaux dans la vie des enfants : un phénomène inquiétant
Aujourd’hui, la majorité des enfants dès l’âge de 9 ou 10 ans possèdent un téléphone portable, souvent doté d’un accès illimité à Internet. Ces appareils deviennent rapidement des outils indispensables pour communiquer, se divertir ou simplement rester en contact avec leur environnement. La tentation d’utiliser ces appareils pour préserver un lien étroit avec leurs parents est compréhensible, mais cette pratique présente aussi de nombreux risques. En effet, cette maturité technologique précoce implique, pour certains, une maîtrise souvent supérieure à celle de leurs parents. Ces derniers, séduits par la facilité de rester connectés à leur progéniture, sous-estiment fréquemment la capacité de leur enfant à naviguer seul dans cet univers numérique, à accéder à des contenus inappropriés, voire dangereux.

Ce phénomène d’appropriation rapide des technologies numériques par la jeunesse s’accompagne d’un délaissement progressif d’une éducation aux valeurs morales et civiques. La capacité à distinguer le vrai du faux, à comprendre les enjeux de la vie en société ou à respecter autrui se voit souvent affaiblie face à la communication instantanée et aux réseaux où tout va très vite.

La propagation de la violence, de la haine et des mensonges : un fléau mondial

Sur ces plateformes, la tolérance, le civisme et la bienveillance sont souvent mises à mal par des comportements nuisibles et toxiques. On y trouve un large éventail de délits : insultes, cyberharcèlement, diffamation, commentaires haineux, et diffusion de contenus violents, pornographiques voire illicites. Certains contenus extrêmes montrent comment fabriquer des armes ou des explosifs ; d’autres incitent à la violence ou à la criminalité. De plus, des repoussoirs de la société comme le trafic de drogues ou l’endoctrinement radical sont facilités par la viralité de ces contenus.

Cet environnement numérique malsain devient un terreau fertile pour des réseaux de recrutement ou de radicalisation, qui ciblent particulièrement les jeunes vulnérables. La rapidité de propagation de vidéos ou d’images violentes exacerbe leur impact : ce qui peut ne durer qu’un instant devient une empreinte durable dans l’esprit des adolescents, façonnant leur perception de la violence comme une norme acceptable ou comme une solution à leurs frustrations.

En parallèle, la désinformation et la propagation de fake news alimentent la manipulation massive. Notamment dans des domaines sensibles comme la santé, la politique ou la religion, ces mensonges peuvent engendrer des confusions profondes, des divisions sociales, voire des violences.

La désaffection pour l’éducation et la transmission de valeurs positives

Il est alarmant de constater que peu de contenus réellement éducatifs, moraux ou religieux retiennent l’attention des jeunes sur ces plateformes. Au contraire, ce qui leur captive le plus est la violence, la polémique, les disputes et la diffusion de rumeurs. La superficialité de certains contenus détourne les jeunes de toute réflexion approfondie sur des sujets essentiels : la valeur de l’humain, la foi, la solidarité ou la justice.

Par conséquent, cette exposition prolongée à des modèles de comportement négatifs façonne une vision déformée des relations sociales et des valeurs fondamentales. Le respect, l’empathie et la tolérance se trouvent parfois remplacés par la haine, le mépris ou la rivalité virtuelle. Cette situation peut entraîner une baisse de l’estime de soi, des conduites agressives ou des difficultés d’intégration.

Les conséquences pour la société et l’avenir

Les effets à long terme de cette immersion constante dans un univers numérique violent et toxique sont préoccupants. Chez certains jeunes, cela peut provoquer une fragilisation psychologique, des comportements dangereux, voire la délinquance. La confiance en soi peut s’éroder, favorisant l’isolement, la dépression ou l’anxiété. Sur le plan collectif, ces phénomènes participent à la dégradation du tissu social, à la multiplication des conflits et à la perte de cohésion communautaire.

Au-delà de l’individu, ce contexte menace la stabilité et la paix sociale. La recrudescence de comportements violents ou haineux, notamment à l’intérieur du pays ou entre différentes communautés, trouve souvent ses racines dans cette jeunesse mal orientée, qui a été exposée à l’intensité des images négatives en ligne.

Quelles solutions pour lutter contre ces abus ?

Il est urgent de prendre des mesures concrètes en impliquant tous les acteurs concernés : autorités, écoles, familles, société civile et plateformes numériques. Voici quelques stratégies fondamentales pour faire face à ce défi :

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  1. Sensibilisation et éducation digitale

Les écoles et les associations doivent organiser des campagnes régulières pour enseigner aux enfants comment utiliser Internet de manière responsable, critique et sécurisée. L’éducation à la citoyenneté numérique doit faire partie intégrante du cursus scolaire, avec des modules abordant la protection des données personnelles, la lutte contre la cyberviolence ou encore le respect des valeurs morales et religieuses. La sensibilisation des parents doit également être renforcée : il leur faut comprendre le fonctionnement des réseaux sociaux, leurs risques, et apprendre à accompagner leurs enfants dans leur utilisation.

  1. Renforcement de la régulation des contenus

Les autorités nationales doivent adopter des lois strictes pour réguler la publication et la diffusion sur les réseaux sociaux. Ces lois doivent criminaliser la diffusion de contenus haineux, violents ou illicites, et prévoir des sanctions dissuasives. La coopération avec les plateformes internationales est essentielle pour leur imposer une responsabilité dans la modération des contenus et la suppression rapide des éléments dangereux.

  1. Développement d’un monitoring et d’une modération efficaces

Les plateformes doivent doter leurs systèmes d’outils de modération avancés, avec des algorithmes performants et des équipes humaines capables d’intervenir rapidement. La collaboration entre gouvernements, experts et entreprises privées est cruciale pour repérer et supprimer efficacement les contenus nuisibles.

  1. Création et diffusion de contenus éducatifs et positifs

Les réseaux sociaux doivent également promouvoir davantage des contenus éducatifs, culturels ou religieux, valorisant les valeurs d’amour, de paix, de respect et de solidarité. Il est possible d’encourager la création de « communautés positives » où les jeunes s’engagent à partager des messages inspirants et édifiants.

  1. Intervention communautaire et formation des acteurs sociaux

Les leaders religieux, éducatifs et communautaires jouent un rôle essentiel pour sensibiliser et orienter la jeunesse. Des rencontres régulières, des ateliers de formation et des campagnes de sensibilisation doivent leur être confiés pour construire une citoyenneté numérique saine, forte de valeurs morales.

Que doivent faire les autorités du Gabon ?

Les autorités gabonaises ont un rôle déterminant à jouer pour contrer ces dangers. Elles doivent :

• Élaborer une législation claire et contraignante sur l’usage d’Internet et des réseaux sociaux, en criminalisant notamment la cyberviolence, la diffusion de contenus haineux ou terroristes, et en introduisant des sanctions dissuasives.
• Créer un organisme spécialisé de veille numérique, doté de moyens humains et techniques pour surveiller, signaler et agir rapidement face aux contenus illicites.
• Sensibiliser massivement la population, en particulier les parents et les éducateurs, à la nécessité d’un accompagnement responsable des jeunes dans le monde numérique.
• Favoriser le développement de contenus éducatifs, religieux et culturels pour renforcer la moralité et la cohésion sociale.
• Collaborer avec les plateformes internationales afin d’assurer leur responsabilité dans la régulation des contenus et la protection des jeunes.

un appel à la vigilance et à l’action collective

Les réseaux sociaux sont un outil au potentiel immense pour l’éducation, l’échange et le progrès. Cependant, leur mauvaise utilisation peut causer des dégâts irréparables à nos jeunes et à notre société. La vigilance doit être collective : responsables politiques, éducateurs, parents, société civile et acteurs privés doivent unir leurs efforts pour instaurer un environnement numérique sain, porteur de valeurs positives.

Il est primordial que les autorités du Gabon adoptent une stratégie globale, intégrée et proactive.

La prévention, la régulation stricte, l’éducation et l’accompagnement des jeunes sont les piliers pour construire un avenir où la technologie sert la croissance harmonieuse de la jeunesse, et non sa destruction. Car, en fin de compte, chaque enfant mérite un environnement numérique sécurisé, respectueux et éducatif afin de bâtir une société plus juste, pacifique et solidaire.

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